lundi 16 mars 2015

La photo mystere n3

Chers lecteurs,

nous nous sommes embarques avant hier a bord du Musca, ce qui implique deux semaines de navigation, sans internet et donc sans article. Nous profitons neanmoins d'une escale a Singapour pour proposer une nouvelle photo mystere. La reponse a notre arrivee a Busan en Coree du sud!




Et voici en plus grand: un delicieux dessert bananes/tapioca! 



samedi 7 mars 2015

De Kuala Lumpur au pays des arbres: au bout du continent

La confluence des rivieres boueuses

Nous voici donc parvenus a Kuala Lumpur- dont le titre ci-dessus est la signification en malais, nettement moins chic que Bangkok-la cite de anges :-)- capitale de l'avant dernier pays de la peninsule asiatique. Contrairement a Bangkok, la circulation a velo n'y est pas sans difficulte: la ville a ete construite sur un modele d'urbanisme a l'americaine rappelant nos villes des annees 70 et qui consiste en un entrelacs vertical de bretelles et d'echangeurs d'autoroute dans lesquel un pieton/cycliste se sent a peu pres aussi serein qu'un journaliste en Turquie (1). En effet, nous sommes dans un pays producteur de petrole, et meme si le pic de production a ete passe depuis une dizaine d'annee (2), l'automobile reste au centre des preoccupations.

Des bouchons, une nuee d'avions et de grandes tours en beton, voila la vraie vie!
l'echangeur monumental, seule alternative aux omnipresents et interminables feux rouges malaisien.
Le reseau de metro est egalement peuple aux heures de pointe. Attention de laisser libre la voie de droite dans les escalators!
La Malaisie est aussi le deuxieme exportateur mondial d'huile de palme apres l'Indonesie. Le fameux palmier est presque le seul arbre que nous apercevrons sur les bords de notre route, couvrant les collines a perte de vue du nord au sud du pays. La consequence de cette monoculture se ressent notamment sur les fruits et legumes qui sont importes en masse: agrumes de Chine, mangues d'Australie, pommes des Etats-Unis ou de France,...

Kalao a corne dans la voliere de Kuala Lumpur

Khalil nous presente un plat typique: le couscous marocain! 
Impressionnante danse du dragon dans une ecole pour le nouvel an chinois.

Dans l'ile aux chats

Durant le sejour des parents Coupiac, nous rejoignons l'ile de Tioman, situee a 350 km de route et 30 km de mer au sud-est de Kuala Lumpur. Cette ile est essentiellement recouverte de foret, seul le rivage etant peuple de quelques maisons et bungalows connectes par un etroit chemin en beton. Le soir, les macaques viennent fouiller les poubelles ou les chambres mal fermees. Malheur aux etourdis! Les coraux du rivage sont incomprehensiblement detruits (peche a la dynamite ou extraction du corail pour le ciment?), mais les ilots alentour ont echappe au nettoyage et offrent des plongees memorables peuplees de poissons et coraux versicolores, petits requins et meme tortues marines.
Repas en famille
L'ile malaisienne de Tioman est uniquement peuplee sur la plage. Le reste est encore abandonne aux arbres, varans et macaques.
Tioman est aussi l'ile aux chats, pour le plus grand bonheur des neveux!

Dans le port de  Malacca

Nous rejoignons ensuite la cote ouest de la Malaisie, direction Malacca, ville legendaire des chansons de marins classee au patrimoine mondial de l'Unesco et port strategique sur le fameux detroit du meme nom reliant 3 des pays les plus peuples du monde: Chine, Inde, Indonesie. Cette ville est un formidable creuset culturel ou se cotoient les traces des occupants du passe - portugais (XVIe), hollandais (XVII-XIXe), anglais (XIXe-1956)-  et l'actuelle population bigaree: malais, chinois, indiens. Le foisonnement des edifices religieux de toutes sortes de confessions en est une des consequences les plus saisissante pour le visiteur. Mais il y a plus important: on y trouve d'excellents restaurants indiens (du sud bien sur) ou nous nous perfectionnons en fabrication des parottas.

Les mythiques taxis-velo de Malacca rivalisent de decorations chamarrees..
Le jour du nouvel an chinois dans le quartier chinois: on s'endimanche pour aller au temple ou manger en famille.
Priere du nouvel an au temple taoiste. 

Sur la route encore

Les vacances s'achevent et nous poursuivons notre periple vers le sud: 4 jours nous separent encore de Singapour. Sur la route, nous dormirons uniquement dans les enceintes de temples chinois -plus ou moins taoistes, les divinites venerees changeant a chaque fois- dont les dragons flamboyants sont facilement reperables, ce qui nous reservera neanmoins une soiree agitee...

Bivouac a l'abri de la pluie et des demons. Seul inconvenient: le puissant eclairage reste allume toute la nuit! 
dragons de ceramique gardant le toit d'un temple chinois
un temple hindou dedie a Shiva

L'hospitalite chinoise

Un soir, nous entrons dans un temple situe dans l'enceinte d'une entreprise ou un homme prie en brandissant des batons d'encens. Il nous invite a poser notre tente a proximite de jeunes ouvriers qui logent dans des containers avec un matelas pour tout meuble. Alors que la nuit est tombee, une mercedes arrive. Un chinois d'une quarantaine d'annees en descend et nous demande de partir, tout en s'excusant. Sans etre parvenus a comprendre, nous plions la tente en maugreant et demenageons dans la palmeraie en face sans avoir le courage d'aller plus loin. Alors que nous nous appretons a nous re-coucher, epuises, la meme mercedes fait irruption dans la palmeraie. En sort cette fois la proprietaire de l'usine, qui nous explique son refus par sa crainte de nous voir dormir a cote de ses ouvriers indonesiens. Elle se confond en excuses, nous propose de nous offrir une chambre d'hotel puis, devant notre refus, de deplacer la tente dans "son" temple. Nous redemenageons devant le temple. Puis, comme nous nous couchons, notre hotesse reapparait avec une montagne de victuailles, et resurgit plus tard avec plusieurs kilo de mandarines et sa famille, sa belle soeur n'ayant jamais vu d'etrangers! Nous leur raconterons notre voyage puis visiterons ensemble le temple familial, un grand hangard industriel a l'interieur pave de marbre, richement decore de lions en granit. Nous nous glisserons dans la tente tard dans la nuit sur le parvis de ce temple magnifique, tandis que de l'autre cote de la barriere les ouvriers indonesiens s'endorment sur leur grabat ...

Arrivee au pays des arbres

Parvenus a quelques kilometres de Singapour, le pays n'est toujours indique sur aucun panneau. Nous avons pourtant pris l'habitude du desastreux systeme d'indication routieres en Malaisie: hors de l'autoroute, les panneaux indiquent generalement les quartiers et hopitaux sans mentionner les villes. Un policier ignorant la direction de la ville voisine quand nous l'interrogeons nous conseille meme de telecharger la carte de Malaisie sur notre telephone!
Cette fois il s'agit d'un pays entier! Un chinois nous explique alors que Singapour est atteignable en suivant la direction de "Woodlands", une ville situee au nord de l'etat. Arrives a la frontiere, le mot Singapour n'aura jamais ete apercu. Etrange negligence qui n'est peut etre pas fortuite, au vu des relations houleuses entre les deux pays (4).


A quelques encablures de la frontiere, le mot Singapour n'apparait toujours pas...
L'imposant immeuble de Marina Bay Sands, construit en 2010 pour l'equivalent du PIB du Burundi (5 milliards d'euros), 
Les dizaines de cargos et petroliers attendent leur chargement dans la baie de Singapour

La fin du continent

Apres avoir passe trois points de controles futuristes ou nous est delivre un permis de sejour de 90 jours, nous arrivons a la nuit dans la ville-etat: Singapour est le troisieme pays le plus riche au monde en terme de revenu par habitant, quatrieme place financiere, cinquieme port le plus frequente. C'est aussi un des pays riches avec le plus d'inegalites de revenus (apres la Chine et juste devant les Etats Unis (5)) et une presse muselee. 75% de la population est d'origine chinoise.

Nous sommes accueillis par Akira, un japonais membre du reseau cycliste warmshowers travaillant dans le fret petrolier. Il nous ouvre pendant quelques jours les portes de son appartement avec piscine sur le toit. Malgre sa densite plus importante, l'urbanisme de Singapour est radicalement different de Kuala Lumpur: un traffic calme et modere, des rues bordees d'arbres, des pistes cyclables, de grandes zones pietones ou courent des chinois ou occidentaux en jogging, de luxueuses avenues marchandes. Avec ces airs de metropole bourgeoise cosmopolite, la ville s'apparente a une Geneve futuriste. 


Rue de Singapour decoree pour le nouvel an chinois
La piscine de 70m sur le toit du batiment de notre hote permet de nager en visitant la ville.
Malgre sa densite, la ville est assez verte.

Le voyage retour

Nous voici au bout de la route, il faut deja songer a rentrer. La recherche de cargos pour gagner la Chine tourne court, les seuls cargos acceptant des passagers appartiennent a une compagnie francaise et font escale... a Kuala Lumpur. En outre, le visa chinois n'est pas possible a obtenir ici. Nous rebroussons donc chemin (en bus) pour retrouver avec plaisir nos cousins et nos trois petits cousins dans la capitale malaysienne. Apres de longues tractations, nous parvenons a obtenir le visa chinois (au prix de quelques reservations d'hotel et d'un billet d'avion annules a la reception du visa) et une place a bord du CMA CGM Musca, un porte containers de 131 000 tonnes qui devrait rallier la Coree du sud par la Chine en 14 jours (6). A bord se trouve meme un velo d'appartement, ce qui nous permettra de garder la forme. Par contre, le pavillon anglais que bat le navire nous plonge dans l'angoisse quant a la composition des repas.
De la, nous esperons pouvoir realiser le visa russe a Seoul pour nous embarquer ensuite a Vladivostock sur le transsiberien... Le suspense reste entier, y compris pour nous!


(1) classee par reporter sans frontiere 154eme sur 180 en terme de liberte de la presse, juste apres la Russie et Singapour... 
(2) Et plein d'autres classements passionnants sur http://www.indexmundi.com/energy.aspx?country=my&product=oil&graph=production
(3) Avec une densite de 8300 hab/km2, Singapour se classe devant Kuala Lumpur (6900), loin derriere Paris (21 000) et devant Munich (3100).
(4) La question de la dependance a l'eau dont Singapour importe 50% de sa consommation a son voisin est la principale source de tensions.
(5) The World fact book, CIA
(6) Position consultable ici en direct