lundi 16 mars 2015

La photo mystere n3

Chers lecteurs,

nous nous sommes embarques avant hier a bord du Musca, ce qui implique deux semaines de navigation, sans internet et donc sans article. Nous profitons neanmoins d'une escale a Singapour pour proposer une nouvelle photo mystere. La reponse a notre arrivee a Busan en Coree du sud!




Et voici en plus grand: un delicieux dessert bananes/tapioca! 



samedi 7 mars 2015

De Kuala Lumpur au pays des arbres: au bout du continent

La confluence des rivieres boueuses

Nous voici donc parvenus a Kuala Lumpur- dont le titre ci-dessus est la signification en malais, nettement moins chic que Bangkok-la cite de anges :-)- capitale de l'avant dernier pays de la peninsule asiatique. Contrairement a Bangkok, la circulation a velo n'y est pas sans difficulte: la ville a ete construite sur un modele d'urbanisme a l'americaine rappelant nos villes des annees 70 et qui consiste en un entrelacs vertical de bretelles et d'echangeurs d'autoroute dans lesquel un pieton/cycliste se sent a peu pres aussi serein qu'un journaliste en Turquie (1). En effet, nous sommes dans un pays producteur de petrole, et meme si le pic de production a ete passe depuis une dizaine d'annee (2), l'automobile reste au centre des preoccupations.

Des bouchons, une nuee d'avions et de grandes tours en beton, voila la vraie vie!
l'echangeur monumental, seule alternative aux omnipresents et interminables feux rouges malaisien.
Le reseau de metro est egalement peuple aux heures de pointe. Attention de laisser libre la voie de droite dans les escalators!
La Malaisie est aussi le deuxieme exportateur mondial d'huile de palme apres l'Indonesie. Le fameux palmier est presque le seul arbre que nous apercevrons sur les bords de notre route, couvrant les collines a perte de vue du nord au sud du pays. La consequence de cette monoculture se ressent notamment sur les fruits et legumes qui sont importes en masse: agrumes de Chine, mangues d'Australie, pommes des Etats-Unis ou de France,...

Kalao a corne dans la voliere de Kuala Lumpur

Khalil nous presente un plat typique: le couscous marocain! 
Impressionnante danse du dragon dans une ecole pour le nouvel an chinois.

Dans l'ile aux chats

Durant le sejour des parents Coupiac, nous rejoignons l'ile de Tioman, situee a 350 km de route et 30 km de mer au sud-est de Kuala Lumpur. Cette ile est essentiellement recouverte de foret, seul le rivage etant peuple de quelques maisons et bungalows connectes par un etroit chemin en beton. Le soir, les macaques viennent fouiller les poubelles ou les chambres mal fermees. Malheur aux etourdis! Les coraux du rivage sont incomprehensiblement detruits (peche a la dynamite ou extraction du corail pour le ciment?), mais les ilots alentour ont echappe au nettoyage et offrent des plongees memorables peuplees de poissons et coraux versicolores, petits requins et meme tortues marines.
Repas en famille
L'ile malaisienne de Tioman est uniquement peuplee sur la plage. Le reste est encore abandonne aux arbres, varans et macaques.
Tioman est aussi l'ile aux chats, pour le plus grand bonheur des neveux!

Dans le port de  Malacca

Nous rejoignons ensuite la cote ouest de la Malaisie, direction Malacca, ville legendaire des chansons de marins classee au patrimoine mondial de l'Unesco et port strategique sur le fameux detroit du meme nom reliant 3 des pays les plus peuples du monde: Chine, Inde, Indonesie. Cette ville est un formidable creuset culturel ou se cotoient les traces des occupants du passe - portugais (XVIe), hollandais (XVII-XIXe), anglais (XIXe-1956)-  et l'actuelle population bigaree: malais, chinois, indiens. Le foisonnement des edifices religieux de toutes sortes de confessions en est une des consequences les plus saisissante pour le visiteur. Mais il y a plus important: on y trouve d'excellents restaurants indiens (du sud bien sur) ou nous nous perfectionnons en fabrication des parottas.

Les mythiques taxis-velo de Malacca rivalisent de decorations chamarrees..
Le jour du nouvel an chinois dans le quartier chinois: on s'endimanche pour aller au temple ou manger en famille.
Priere du nouvel an au temple taoiste. 

Sur la route encore

Les vacances s'achevent et nous poursuivons notre periple vers le sud: 4 jours nous separent encore de Singapour. Sur la route, nous dormirons uniquement dans les enceintes de temples chinois -plus ou moins taoistes, les divinites venerees changeant a chaque fois- dont les dragons flamboyants sont facilement reperables, ce qui nous reservera neanmoins une soiree agitee...

Bivouac a l'abri de la pluie et des demons. Seul inconvenient: le puissant eclairage reste allume toute la nuit! 
dragons de ceramique gardant le toit d'un temple chinois
un temple hindou dedie a Shiva

L'hospitalite chinoise

Un soir, nous entrons dans un temple situe dans l'enceinte d'une entreprise ou un homme prie en brandissant des batons d'encens. Il nous invite a poser notre tente a proximite de jeunes ouvriers qui logent dans des containers avec un matelas pour tout meuble. Alors que la nuit est tombee, une mercedes arrive. Un chinois d'une quarantaine d'annees en descend et nous demande de partir, tout en s'excusant. Sans etre parvenus a comprendre, nous plions la tente en maugreant et demenageons dans la palmeraie en face sans avoir le courage d'aller plus loin. Alors que nous nous appretons a nous re-coucher, epuises, la meme mercedes fait irruption dans la palmeraie. En sort cette fois la proprietaire de l'usine, qui nous explique son refus par sa crainte de nous voir dormir a cote de ses ouvriers indonesiens. Elle se confond en excuses, nous propose de nous offrir une chambre d'hotel puis, devant notre refus, de deplacer la tente dans "son" temple. Nous redemenageons devant le temple. Puis, comme nous nous couchons, notre hotesse reapparait avec une montagne de victuailles, et resurgit plus tard avec plusieurs kilo de mandarines et sa famille, sa belle soeur n'ayant jamais vu d'etrangers! Nous leur raconterons notre voyage puis visiterons ensemble le temple familial, un grand hangard industriel a l'interieur pave de marbre, richement decore de lions en granit. Nous nous glisserons dans la tente tard dans la nuit sur le parvis de ce temple magnifique, tandis que de l'autre cote de la barriere les ouvriers indonesiens s'endorment sur leur grabat ...

Arrivee au pays des arbres

Parvenus a quelques kilometres de Singapour, le pays n'est toujours indique sur aucun panneau. Nous avons pourtant pris l'habitude du desastreux systeme d'indication routieres en Malaisie: hors de l'autoroute, les panneaux indiquent generalement les quartiers et hopitaux sans mentionner les villes. Un policier ignorant la direction de la ville voisine quand nous l'interrogeons nous conseille meme de telecharger la carte de Malaisie sur notre telephone!
Cette fois il s'agit d'un pays entier! Un chinois nous explique alors que Singapour est atteignable en suivant la direction de "Woodlands", une ville situee au nord de l'etat. Arrives a la frontiere, le mot Singapour n'aura jamais ete apercu. Etrange negligence qui n'est peut etre pas fortuite, au vu des relations houleuses entre les deux pays (4).


A quelques encablures de la frontiere, le mot Singapour n'apparait toujours pas...
L'imposant immeuble de Marina Bay Sands, construit en 2010 pour l'equivalent du PIB du Burundi (5 milliards d'euros), 
Les dizaines de cargos et petroliers attendent leur chargement dans la baie de Singapour

La fin du continent

Apres avoir passe trois points de controles futuristes ou nous est delivre un permis de sejour de 90 jours, nous arrivons a la nuit dans la ville-etat: Singapour est le troisieme pays le plus riche au monde en terme de revenu par habitant, quatrieme place financiere, cinquieme port le plus frequente. C'est aussi un des pays riches avec le plus d'inegalites de revenus (apres la Chine et juste devant les Etats Unis (5)) et une presse muselee. 75% de la population est d'origine chinoise.

Nous sommes accueillis par Akira, un japonais membre du reseau cycliste warmshowers travaillant dans le fret petrolier. Il nous ouvre pendant quelques jours les portes de son appartement avec piscine sur le toit. Malgre sa densite plus importante, l'urbanisme de Singapour est radicalement different de Kuala Lumpur: un traffic calme et modere, des rues bordees d'arbres, des pistes cyclables, de grandes zones pietones ou courent des chinois ou occidentaux en jogging, de luxueuses avenues marchandes. Avec ces airs de metropole bourgeoise cosmopolite, la ville s'apparente a une Geneve futuriste. 


Rue de Singapour decoree pour le nouvel an chinois
La piscine de 70m sur le toit du batiment de notre hote permet de nager en visitant la ville.
Malgre sa densite, la ville est assez verte.

Le voyage retour

Nous voici au bout de la route, il faut deja songer a rentrer. La recherche de cargos pour gagner la Chine tourne court, les seuls cargos acceptant des passagers appartiennent a une compagnie francaise et font escale... a Kuala Lumpur. En outre, le visa chinois n'est pas possible a obtenir ici. Nous rebroussons donc chemin (en bus) pour retrouver avec plaisir nos cousins et nos trois petits cousins dans la capitale malaysienne. Apres de longues tractations, nous parvenons a obtenir le visa chinois (au prix de quelques reservations d'hotel et d'un billet d'avion annules a la reception du visa) et une place a bord du CMA CGM Musca, un porte containers de 131 000 tonnes qui devrait rallier la Coree du sud par la Chine en 14 jours (6). A bord se trouve meme un velo d'appartement, ce qui nous permettra de garder la forme. Par contre, le pavillon anglais que bat le navire nous plonge dans l'angoisse quant a la composition des repas.
De la, nous esperons pouvoir realiser le visa russe a Seoul pour nous embarquer ensuite a Vladivostock sur le transsiberien... Le suspense reste entier, y compris pour nous!


(1) classee par reporter sans frontiere 154eme sur 180 en terme de liberte de la presse, juste apres la Russie et Singapour... 
(2) Et plein d'autres classements passionnants sur http://www.indexmundi.com/energy.aspx?country=my&product=oil&graph=production
(3) Avec une densite de 8300 hab/km2, Singapour se classe devant Kuala Lumpur (6900), loin derriere Paris (21 000) et devant Munich (3100).
(4) La question de la dependance a l'eau dont Singapour importe 50% de sa consommation a son voisin est la principale source de tensions.
(5) The World fact book, CIA
(6) Position consultable ici en direct  

samedi 21 février 2015

La photo mystere 02

Chers lecteurs, saurez-vous reconnaitre l'objet represente sur la photo ci-dessous? Il s'agit d'une production locale...


mercredi 11 février 2015

De l'isthme de Kra au detroit de Malacca


Cap au sud

Sortis de notre semaine de volontariat, nous mettons cap au sud. Cette direction se maintiendra jusqu'au bout du continent asiatique: la ville-etat de Singapour situee a 1700 km de la, avec une etape a Kuala Lumpur, capitale de la Malaisie et residence du cousin d'Olivier et de sa famille. Les grandes routes thaies au faible relief nous permettent d'avancer rapidement. Nous celebrerons sur la route les 12 000 km, puis les 13 000 km. Suite au rerayonnage de la roue arriere a Bangkok, plus aucune casse ne trouble le voyage jusqu'ici, ce qui permet de refermer la malheureuse parenthese mecanique de nos rayons chinois.

Lors de la traversee du parc de Sam Roy, un groupe de macaques nous arrete. Tandis que nous les obervons, l'un d'eux s'approche rapidement et tente d'arracher violemment un sac plastique contenant deux bananes. Le reste du groupe s'approche egalement de maniere menacante et nous demarrons en trombe, poursuivis par une dizaine de macaques decides a en decoudre et que nous parviendrons a semer non sans mal. Nous notons alors dans notre journal de bord: vitesse de pointe d'un macaque: 23 km/h.

Grand evenement celebre par toute l'equipe! Une coco est sabree pour l'occasion.
Et 7 ans d'emprisonnement pour qui pense le contraire!
Habitant des parcs thais nettement plus pacifique que le macaque...

Court passage en Birmanie

Notre visa thai arrivant a expiration, nous decidons un passage en Birmanie pour le renouveler. La premiere tentative est realisee a Prachuap Khiri Khan, point d'etranglement de la Thailande qui se faufile entre la Birmanie et la mer sur une bande de 20 km de large. Les douaniers nous expliquant que le poste de frontiere est ferme aux "farangs (1)", nous devons rebrousser chemin et retenter notre chance a Ranong, situe a trois jours plus au sud. La, une "pirogue a longue queue (2)" nous fait traverser le bras de mer qui nous separe de l'isthme de Kra, constituant la pointe sud de la Birmanie, ou nous est delivre un visa birman d'une journee pour 10$. Nous y decouvrons une ambiance rappelant l'Inde, de grandes moustaches et quantite d'hommes en sarongs (3).

La densite deja importante de temples bouddhistes semble encore en augmentation au vu des chantiers. 
Pecheurs birman entre les deux pays
Port d'entree a l'extreme sud de la Birmanie
Nos quelques tentatives pour dormir dans des jardins de particuliers ou d'administrations n'ayant pas fonctionne, nous serons accueillis presque exclusivement par les monasteres bouddhistes durant notre sejour en Thailande. Leur presence reguliere le long de la route et l'accueil indefectible des moines facilite grandement notre voyage.  Nous decouvrons peu a peu la vie et les regles qui regissent ces monasteres. On jauge ainsi l'accueil qui nous est reserve en fonction du lieu offert: jardin, hall de reunion ou (marque de distinction) la piece des bouddhas en or qui s'accompagne generalement d'un savoureux repas apporte par les fideles. Nous remercions en general par une offrande au temple.
En compagnie des novices d'un monastere, devant la statue du Buddha
Pompe a essence d'un modele fruste rencontre au Laos, Cambodge ou dans les villages thais.
Les toilettes assises etant peu repandues, ce panneau en precise le fonctionnement et les risques encourus en cas de mauvaise utilisation...

L'ile de Kao Yai

A l'approche de Phuket, la Ibiza thailandaise, nous rencontrons un couple de francais sillonnant le pays sur un engin atypique: le pinot, ce tandem allemand hybride melangeant velo couche et droit. Nous decidons de les suivre sur Khao Yao Noi, ile a proximite de Phuket mais depourvue de la folie touristique de sa voisine. Installes sur la plage d'un hotel avec la condition d'y prendre le repas du soir -de delicieux currys- pour seul loyer, nous resterons 4 jours dans cet endroit paradisiaque, au milieu de ces fantastiques ilots de calcaire qui jaillissent de la mer en blocs de couleurs vives. Troquant le tandem pour sa version maritime,  nous en explorerons les contours et les fonds riches en coraux mais troubles.
Les ilots surrealistes de la baie de Krabi. Un James Bond y a meme ete tourne, c'est dire...
Un de nos meilleurs emplacements de bivouac du voyage
Des compatriotes  ayant investi dans le fameux pino allemand.

La Malaisie

Mais le temps file et notre rendez-vous a Kuala Lumpur approche plus vite que nous. Apres ces vacances dans les vacances, nous filons vers la frontiere de la Malaisie. 900 km et 7 jours nous separent de notre objectif, mais nous prevoyons de prendre le train pour accelerer. La frontiere est traversee apres 5 minutes, un tampon sur les passeports et un "selamat datang (4)" du douanier. A mesure que nous progressons vers le sud, la chaleur devient plus penible, depassant les 35 degres dans la journee et ne diminuant que peu avant le lever du jour. En outre, les temples bouddhistes ont disparu du paysage dans ce pays ou l'islam est la premiere religion, il nous faut donc revoir notre strategie d'hebergement. 

La premiere nuit, alors que nous demandons a planter la tente dans un jardin, un chinois un peu alcoolise et avec des airs de Jacky Chan  nous indique un emplacement pres d'un lotissement que nous gagnons sans trop de conviction. Nouveaux dans ce pays, nous redevenons prudents. Une mere de famille malaise nous abordera puis, au courant de nos aventures, nous apportera un delicieux curry de poisson. Des chinois suivront, se prendront en photo avec nous, puis apporterons un curry de poulet. Bientot tout le lotissement entoure notre tente, tout le monde discute en malais ou en chinois, les plats s'enchainent dans un ordre aleatoire: currys, riz, papayes, pommes, burgers, oeufs durs, etc...
Nous nous couchons le ventre rebondi dans la chaleur qui ne veut pas diminuer. Le lendemain matin, d'autres chinois nous tireront du sommeil pour nous inviter a prendre le petit dejeuner dans un cafe, puis chez eux pour nous proposer un karaoke en buvant des bieres (il est 8 heures du matin)... mais le programme charge ne nous permet pas de rester et nous prenons conges apres force remerciements.
La chaleur demande une rigueur d'hydratation intraitable nous imposant de cueillir une coco tous les jours. 
Objectif en vue!
Les premiers contacts avec les malais se revelent plutot encourageants.

Le pays des migrants

Vivant en Malaisie depuis trois generations, ces chinois expatries proviennent notamment de la forte immigration encouragee voici un siecle par les anglais cherchant une main d'oeuvre bon marche pour leurs plantations d'heveas. Nos genereux donateurs parlent entre eux en mandarin mais maitrisent le malais et certains l'anglais. Curieux, ouverts et polyglottes, ceux la temoignent d'un autre visage qu'eut peut etre un jour la Chine (5).
Pour limiter le pouvoir croissant des immigres chinois, les colons anglais firent ensuite appel a la main d'oeuvre indienne, qui constitue aujourd'hui la deuxieme minorite du pays. Les temples hindous couverts de personnages colores peuplent les bords de route a egalite avec les mosquees. Ces dernieres etant souvent fermees en soiree, nous demandons l'hospitalite dans le premiers: l'hindouisme est l'ancetre du bouddhisme apres tout. Il semble que l'accueil des voyageurs soit moins habituel, mais nous serons tout de meme invites une nuit et reveilles au lever du jour par le brahmane au son du gong.

La course a Kuala

Comme prevu nous gagnons la gare ou nous decouvrons avec stupeur que les velos sont interdits dans le train. Nous devrons mettre les bouchees doubles roulant de la nuit a la nuit et realisant notre record de distance avec 173 km en une journee. Deux jours plus tard, nous arrivons a Kuala Lumpur fourbus mais heureux d'y retrouver la famille d'Olivier: le cousin Khalil et sa famille, puis les parents qui nous rejoignent pour les vacances.

Premiere nuit dans un temple hindou.
Nous retrouvons dans les restaurants indiens (du sud) le meilleur plat du monde; les parottas!
Arrivee chez le cousin Khalil, sa femme Naoual et les trois enfants

Un habitant de la plage de Kao Yao Noi, surpris par le faisceau de la lampe frontale.

(1) Terme autrefois utilise pour designer les francais a l'epoque de l'Indochine qui sert maintenant par extension a designer tous les blancs, un peu comme pour les gringos en Amerique Centrale et du Sud.
(2) Le Ruea hang yao est une pirogue couramment utilisee en Thailande, propulsee par un moteur de voiture pose sur un axe vertical et emmanche d'un arbre de plusieurs metres qui porte l'helice. La rotation de l'ensemble permet de diriger l'embarcation.
(3) Jupe descendant en dessous du genou portee par les hommes appelee mundoo ou nungi en Inde. Au Laos, les femmes utilisent une version tubulaire pour s'y laver a l'abri des regards.
(4) Bienvenue en Malaisie!
(5) Les annees maoistes de lutte contre les elites intellectuelles et leur raffinement bourgeois ont peut etre consacre le retour en grace de la trivialite que l'on ressent maintenant dans le pays.

dimanche 1 février 2015

La photo mystere 01

La sortie de Bangkok nous a donne l'occasion d'inaugurer la serie des photos mysteres.
Saurez vous donc reconnaitre l'objet de cette image? 



La premiere bonne reponse gagne un tour gratuit de tandem!

R: en effet, il s'agit du casque du bouddha geant du Wat Pho de Bangkok, en photos sur le lien donne par Martin! On ne s'attendait pas a autant de bonnes reponses, il va falloir prevoir des tickets pour le tour de tandem!

lundi 19 janvier 2015

La terre de Siam



Bangkok, capitale mondiale du tourisme et de la Thailande dont la seule evocation du nom suffit a faire apparaitre en nous une foule d'images lointaines et exotiques: jungle urbaine moite, grouillante de 8 millions d'habitants, levitant a quelques centimetres au dessus d'eaux troubles et odorantes peuplees d'insectes et de reptiles...  On nous met en garde sur l'impossibilite d'y penetrer ou d'y circuler a velo.

 une bonne surprise

 Alors que nous approchons de la ville, l'imagination en ebullition, la route s'elargit peu a peu, nous plongeant dans un entrelacement complexe de voies autoroutieres au traffic dense mais organise. A l'entree, le flux ralentit puis des pistes cyclables apparaissent qui nous deposent en douceur au centre ville. L'arrivee tant redoutee sur cette megapole se deroule facilement, sans comparaison avec Athenes ou Teheran. Malgre sa taille, Bangkok ne presente pas ce cote chaotique des metropoles qui les rend si oppressantes. Quelle que soit l'heure du jour ou de la nuit on est surpris par le calme qui y regne. Le traffic est dense mais sans embouteillage, les automobilistes conduisent en respectant les sens de circulation,  feux et pietons et sans klaxonner (quel soulagement apres la chine!).  Il faut noter que la ville affiche une densite de population modeste de 5000 hab/km2, soit la moitie de celle de Teheran ou le quart de celle de Paris !

D'une maniere generale, les habitants affichent une rare serenite, economisant leurs mouvements, s'exprimant avec bienveillance et sans elever la voix.
 

  La section animaliere du marche de Chatuchac propose poissons, tortues, lemuriens ou chats...siamois bien sur !
 proche du quartier chinois, la rue des fabriquants de buddhas.  la densite en temples du pays assure la perennite de l'industrie.
 vue de la ville depuis une des s  nombreuses navettes fluviales qui assurent des liaisons pour 15 bats (0.3 euro)

  Bangkok a pied

  La roue arriere de notre tandem apportee a un specialite  pour un rerayonnage complet (1), nous arpentons la ville a pied durant trois jours. Des que l'on quitte la route pour emprunter les bords des canaux verdatres, autrefois uniques voies de communication autour desquelles s'est construite la vieille ville, seul subsiste le glouglou d'une ecluse ou proliferent les jacinthes d'eau, couvert parfois par un cri de perroquet en cage ou un miaulement de chat.

Le quartier chinois presente peu de specificite par rapport au reste de La ville, la nourriture reste thaie et les cuisines de rue relativement peu nombreuses. Ce quartier s'etant construit lors d'une immigration remontant a plusieurs siecles, les chinois se sont melanges a la population au fil des generations. Le marche de fin de semaine de Chatuchak est l'equivalent d'un gros marche de noel, vendant foulards et babioles stereotypees  pour les touristes.  Seule la section animaliere semble avoir conserve un caractere plus local.


 Fronton d'une ecole  (chinoise) dans le quartier chinois.
 l'arrivee en ville est l'occasion d'un petit rafraichissement. Non, pas la moustache !
 vestige de piste cyclable le Long d'un canal. Et dire que L'on se plaint des voitures qui se garent sur les pistes a Lyon !

Longue vie au roi !  

La ville est aussi le lieu de residence du roi, dont les portraits omnipresents nous accompagnent depuis la frontiere : le roi en vacances, le roi en uniforme, le roi et la reine, le roi prend des photos, le roi pensif, le roi jeune, le roi vieux... Son contrat ayant debute en 1946,  Rama IX est actuellement le souverain en exercice au regne le plus long  (il lui manque 4 ans pour egaler celui de Louis XIV !). Il n'exerce aucun pouvoir politique, ayant vu passer plus d'une quinzaine de coups d'etat -une specialite du pays- depuis son entree en fonction, le dernier remontant a 2006. Mais la loi thaie condamne par 8 ans de prison le crime de lese majeste pour quiconque se rend coupable de critique envers le roi  !  Par prudence, nous arborons donc le drapeau royal a l'arriere du tandem :-).

 Le jour du depart, nous visitons le magnifique Wat Pho, temple abritant une myriade de bouddhas en or et un bouddha couche de 50 metres de long que le batiment protecteur parvient a peine a contenir.  Ce temple est une remarquable synthese des influences indiennes et chinoises : sculptures, images et bas reliefs bouddhistes melangent scenes de la mythologie hindoue et vieillards chinois aux longues moustaches.  Un curieux personnage de pierre gardant l'entree au chapeau haut de forme europeen attire notre attention.  Nous apprendrons par la suite qu'il s'agit de  Marco Polo.  Meme ici et age de 800 ans, ce venitien est une vraie star !


 Scintillement des phenix faitiers du temple de Wat Pho  ( Bangkok )
  Fleurs de nenuphar dans Le temple de  Wat Pho
 Utilisation du bras de Narcisse.

  Narcisses et fleurs de lotus 

   Depuis notre depart de France nous observons avec curiosite une tendance des touristes a prendre avant tout des cliches d'eux memes. Nous pensions avoir affaire a un trait culturel de l'asie centrale, puis de l'asie mais nous observons maintenant nos semblables occidentaux faire de meme. Le voyage se transforme ainsi en une collecte d'images de soi dans des lieux relegues au role de second plan:  "moi devant le bouddha, moi devant le temple, moi tout seul". Il est amusant de noter comme en anglais, selfy (autoportrait) est si proche du terme selfish  (egoiste). Cette tendance decoule sans doute dans la mise en scene publique de son image a travers les facebooks et autres reseaux sociaux connectant les solitudes... sans oublier les blogs , hum...  Nous decouvrons avec stupeur cette invention sinistre, si symbolique de cette nouvelle quete narcissique : une canne telescopique permettant de cliches de son propre visage a l'aide d'un telephone, que nous baptisons  "bras de Narcisse".

 Un remplacant exotique des hirondelles de nos contrees
  Moulin a vent pour le pompage des marais salants
 dans les canaux de Bangkok ou des marches flottants, on rencontre parfois ces enormes sauriens.

 Le Pays des canaux

Une fois sortie de Bangkok, la route reprend sa rectitude et sa planitude.  Des odeurs de poisson viennent chatouiller nos narines : la mer est proche ! Nous roulons le long de marais salants au bord desquels s'alignent des échoppes vendant sucre de coco et poissons seches. De nombreux canaux sillonnent les villes- l'eau est abondante ici- a la grande joie de cocotiers qui poussent en foret et dont les fruits emplissent des camions entiers.  La region semble fortement impregnee de la culture de la circulation aquatique. Certaines villes hebergent des marches flottants ou se rassemblent de fines barques en bois sur lesquelles des couples cuisinent toutes sortes de plats.

Nous dormons dans un temple au bord d'une large riviere boueuse sur laquelle naviguent ces barques elancees au milieu des jacinthes d'eau. Lorsque nous nous levons a 6:30, les fines barques garees a cote de nous ont disparu. Les moines sont deja partis faire leur quete matinale en pagayant...
marche flottant d' Ampawa : une cuisine par barque.
les fideles peuvent acheter une feuille d'or pour La deposer sur les idoles.
de retour de la quete matinale.

Une semaine de woofing

    Apres une grosse journee de 150 km de pedalage dans une chaleur eprouvante (le compteur affiche 37°) qui nous assomme des que nous nous arretons, nous atteignons la ville balneaire Hua Hin, ou se cotoient residences de luxe qui jaillissent regulierement en grands immeubles blancs, parcs d'attraction, restaurants pour occidentaux et terrains de golf :  nous arrivons dans une zone touristique. Mais ce n'est pas le golf qui nous attire ici : Nous avons rendez vous avec Kittima pour une semaine de woofing (2) dans une residence paradisiaque qui consiste en une dizaine de huttes en bambou ou terre crue entourant une piscine. Notre travail consiste en menus travaux, en compagnie de  Daniel, volontaire coreen dote d'un calme olympien. Apres l'arrosage des fleurs et du jardin, ou l'accrochage de panneaux d'indication, nous nous consacrons surtout a enseigner et preparer des recettes francaises pour les petits dejeuners : le pain, les confitures de mangue et de banane et le muesli maison sont adoptes. Ce quotidien passe entre bricolage, cuisine et rencontre de nouvelles personnes est riche et plaisant. Les journees sont longues mais ne nous donnent pourtant pas l'impression de travailler, si bien qu'apres 7 jours, nous quittons avec tristesse ce lieu et cette famille si chaleureux, en promettant de nous arreter si nous y passons au retour.

 la residence de Korawan et ses huttes en terre.
pains vapeur chinois contre pains au four francais
 marlene et kittima presentant leur tarte tatin a l'ananas


 Temple de  Bagkoon, devore par les racines de fromager.
 (1)   Celui-ci, heureusement plus degourdi que ses homologues precedents chinois et laotiens, decouvre le probleme : la roue a ete montee avec des rayons trop courts et de taille identique, d'ou une tension differente entre les deux cotes. L'ensemble est remplace par des rayons dt-swiss, qui au vu de leur prix (1 euro le rayon), devraient inchallah tenir plus longtemps !
(2)  Activite qui consiste a travailler dans le secteur biologique en echange du gite et du couvert.