jeudi 9 avril 2015

Mille huit cents lieues sur le Pacifique

Depart de Kuala Lumpur

Le samedi 14/03 nous montons a bord du Musca, porte containers de la compagnie française CMA-CGM. Parti un mois plus tot du Havre, ce géant des mers rejoint la Corée en 40 jours en passant par le canal de Suez et le detroit de Malacca, chargeant et dechargeant ses marchandises dans les ports d‘Europe et d‘Asie en une navigation circulaire sans trêve.
L‘equipage se compose d‘une trentaine de personnes: matelots, huileurs, mécaniciens, un chef cuistot, deux stewarts et une dizaine d‘officiers. Afin d‘assurer le bon fonctionnement de l‘équipage, les nationalités sont homogènes: ici, les officiers sont en majorité croates et les autres philippins, a part trois indiens et un chinois. La langue officielle est l‘anglais mais avec une telle configuration, les langues d‘origine prédominent lors des conversations a table, laissant de côté deux pauvres officiers: un ukrainien qui mange en silence et un philippin qui a rejoint la salle des matelots.
L‘équipage est renouvelé au fil des escales et des contrats de travail: quatre mois pour les officiers et neuf pour les autres. Les contrats sont parfois prolongés, si bien que certains matelots travaillent à bord depuis plus d‘un an sans arret!

Vue depuis le navire sur Port Kelang (Malaisie) et le ballet incessant des containers. 
Les manoeuvres portuaires sont realisees par des pousseurs/remorqueurs puissants 
Le MUSCA quelque part en mer de Chine.

Dans le MUSCA:

L‘essentiel du volume est consacré aux marchandises, le reste de la coque étant  occupé par une titanesque salle des machines. L‘espace habitable est concentré dans une tour étroite s‘élevant au dessus de la coque sur une hauteur de 8 étages terminée par le pont, ou salle de pilotage rassemblant les instruments indispensables a la navigation:  observation, orientation, communication et surtout machine à café.

Le prix exorbitant du billet nous offre quelques privilèges, comme la possibilité d‘emporter chacun 100 kg d‘affaires (en comptant le tandem, nous en atteignons a peine le quart), le droit a la cabine du propriétaire de 25 mètres carrés dans laquelle nous pourrions faire tenir 4 tentes et enfin de manger dans la salle des officiers avec vin, baguette et service de 6 couverts a tous les repas.


Sur le pont: lors des arrivees dans les ports, les officiers sortent les uniformes pour recevoir le pilote.
La table des passagers: difficile d'utiliser le rechaud a bois pour rechauffer un plat!
Decouverte de notre cabine d'apparat (photo prise depuis les canapes du salon).

Nous savourons chaque plat avec application, les repas composant une partie importante de nos activités. En effet, point de casino, bal masqué ou spectacle de magie à bord. La vocation du navire est le transport de marchandises: une table de ping pong et une salle de repos comprenant un lecteur dvd et quelques livres constituent les seuls loisirs proposés (2). Heureusement, les quelques arrets aux ports (non nous n'avons pas pris l'avion) permettent de se degourdir les jambes le temps des manoeuvres de dechargement /chargement. Nous visitons ainsi une nouvelle fois Singapour, puis Tianjin en Chine.

"Singapour is a fine city" nous declare mysterieusement le capitaine avant d'arriver. 
Dans le metro de Singapour.
Symetrique de la photo des cargos prise depuis Marina Bay (voir article sur singapour) 
Une routine se met rapidement en place, rythmee par les trois repas quotidiens pris a heures fixes: outre notre progression fulgurante en ping-pong et notre apprentissage du Coreen, nous passons du temps a decouvrir le quotidien des marins: en cuisine, le chef cuistot nous montre ses recettes-nous n'avons helas pas l'autorisation de l'aider- sur le pont, les officiers de quart de surveillance (1) nous expliquent les difficultes du pilotage d'un tel batiment. Nous beneficions meme d'une visite guidee par l'ingenieur en chef de la salle des machines, antre demesure abritant un monstre assourdissant de 12 cylindres totalisant une puissance de 70 MW (3). Mais le clou du voyage restera les soirees karaoke des philippins (et indiens) au cours desquelles nous chantons du Frank Sinatra sur fond de videos des annees 80. Si bien que, par la magie de la routine, les journees s'enchainent a une vitesse surprenante!


En cuisine, le chef realise un premier essai de creme chantilly en pestant sur ses conditions de travail.
Grosse ambiance dans la salle karaoke!
Sur le pont, dans le detroit de Taiwan, Marlene fait le point de notre position.
Marlene celebre a bord ses 34 ans. Le cuistot nous prepare pour l'occasion un curry de poulet et un gateau au chocolat. 

Visite de Tianjin

Pas de doute, nous sommes en Chine!
Les berges pietonnes font de Tianjin une ville calme et agreable, bien loin du fracas embrume des autres villes chinoises traversees.
Loupios n'est pas le seul animal voyageur a raconter ses aventures...

Arrivee a Busan, Coree 

Apres 16 jours de navigation, nous entrons enfin dans le port de Busan, en Coree du sud. De la, le Musca rebroussera chemin vers Shanghai, tandis que le train nous emmene vers la capitale, Seoul, ou nous devons realiser notre demande de visa pour la Russie. Nous faisons nos adieux a l'equipage, le cuistot nous confie ses meilleures recettes et apres quelques photos souvenirs, nous prenons pied sur la terre de Coree. Le froid est mordant, nous realisons alors que nous avons parcouru en 16 jours une distance qui nous aurait pris 4 mois a velo, soit un peu plus de 7000 km, et surtout sommes remontes de l'equateur jusqu'a une latitude de 34 degres.

Un minuscule intrus parmi les caisses.  
Entree spectaculaire du port de Busan
Descente du tandem par le treuil du bord.

Parcours realise entre le 14/03 et le mardi 31/03 

(1) Chaque officier doit realiser une astreinte quotidienne de surveillance sur le pont de 4 heures toutes les 12 heures. Ce travail consiste essentiellement au controle du cap et de la position en tracant sur le carte ou des ecrans radar pour effectuer si necessaire les manoeuvres d'evitement des bateaux de peche ou navires croisant notre route. Des fax nous informent regulierement des actes de piratages, particulierement frequents dans le detroit de Malacca.
(2) Quelle ne fut pas notre deception lorsque nous decouvrimes que la bibliotheque tant esperee ne contenait que des notices techniques des appareils du navire!
(3) Voir la page du loup pour les photos et plus d'informations techniques!

8 commentaires:

  1. C'est toujours aussi passionnant de vous lire.
    J'ai hâte de vous voir, vous aurez plein de choses à nous raconter... mais nous aussi !

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    1. ahaaa... voici qui pique notre curiosite: nous nous perdons depuis en supputations diverses!

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  2. Happpy Birthday Marlene ! Contente que vous soyez bien arrives a Seoul :-)
    Bon courage et bonne chance avec l'ambassade de la Russie ;-)

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  3. Vous etiez les seuls non-marins a bord? Merci les amis !

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    1. Il y avait aussi la femme de l'electricien du bord qui etait en accompagnement. Mais comme elle ne parlait que croate, les discussions avec elles furent breves (on ne sait dire que "je ne comprends pas" en croate...)

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  4. Je suis très heureuse d'avoir de vos nouvelles, le temps nous a semblé long
    à nous aussi...
    Joyeux anniversaire à Marlène et plein de bisous!
    Vous aurez du mal, maintenant, à naviguer sur minuscule cata de 12m, où
    l'on sent bien les vagues... Et maintenant, c'est toujours direction le Japon?
    (au fait, 1 yen, ça fait combien en bat? ;-)
    Bonne route et bon vent.

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    1. Mais maintenant, nous avons acquis de redoutables de techniques de chargement/dechargement des affaires... pourvu qu'elles soient rangees dans des containers et que nous disposions d'une grue et de quelques camions!

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