dimanche 16 novembre 2014

Les bambous du Sichuan

16/11:Chers lecteur, les difficultés techniques pour accéder a internet se poursuivent (0), d’où l’austérité du présent article. Nous devrons attendre d'avoir atteint un pays civilise pour ajouter les photos...
28/11: voila qui est fait!

Arrivee a Chengdu
Sortis du Taklamakan, nous rejoignons la province du Sichuan en trois bus de nuit. Distance considerable, chaque bus couvrant une portion de route equivalent a 10 jours de velo. La progressivite de l'itineraire tant recherchee par le cyclovoyageur est alors brisee et nous passons brutalement des paysages desertiques de l'Asie Centrale a l'humidite tropicale et la vegetation exuberante de l'Asie du Sud Est  quelques 2500 km plus loin. Comme nous approchons de Chengdu, de riches jardins sortent de la brume, puis des grappes d'immeubles en construction qui marquent l'entree de la ville. La bulle immobiliere chinoise n'a manifestement pas encore creve et les projets poussent par quartiers entiers: dix mille habitants ici, cinq mille la...  Ici encore, les foules de velos de la Chine traditionnelle ont laisse place aux scooters electriques qui empruntent les pistes cyclables. Les nombreux ponchos et parapluies que portent les motocyclistes n'augurent rien de bon sur le climat de la region.

Premiers jardins en arrivant sur Chengdu
Les gros nounours du parc de Chengdu au moment du dejeuner. 
La bruine incessante nous force a sortir pour la premiere fois depuis l'Italie le materiel de pluie 


Les joies des climats tropicaux
La suite de notre itineraire prevoit de s'elever en direction du versant est du plateau tibetain ou l'on nous promet un aperçu de ce Tibet qui nous est interdit et une profusion de yacks. Pendant 4 jours nous suivrons des routes de montagne sinueuses sous une bruine intermittente au milieu  de forets luxuriantes de bambous s'effacant dans la brume. L'ambiance est fantastique! Mais le brouillard nous masque un pic a 7500m que nous longeons, et surtout ne permet pas a nos affaires humides de sécher la nuit. De plus, on ne verrait pas un yack a 50 mètres. Nous battrons donc en retraite vers le sud et, derrière un col que nous atteignons transis de froid et sous les flocons de neige, le climat change brutalement: les bambous et christophine pendantes en bord de route font place a des coniferes, vergers de cerisiers et néfliers... et le soleil reapparait bientot apres une semaine d'absence: nous sommes sortis de l'etuve!

Toutes les sufaces disponibles sont cultivees, des bords de route jusqu'aux cimetieres.
Technique acrobatique de labourage demandant de rester en equilibre sur la charrue. Un ancetre du wake boar? 
Comme en Allemagne, le revers des paysages verdoyants est dans le climat... On comprend d'ou vient l'idee de cuisiner a la vapeur! 

La grande muraille
 Jusqu'a Chengdu, les relations avec les chinois sont difficiles. Combien de fois notre interlocuteur repetera "meyo, meyo" (interjection negative) a nos premiers mots en agitant la main et nous indiquant la sortie de son etablissement ou en s'echappant prestement, refusant tout contact. C'est évidemment a la longue un peu vexant. Après réflexion, il semble que ce type d’incivilité ne soit pas tant un signe de xénophobie que la manifestation d'un profond handicap de communication (1). Persuades de leur incapacite a comprendre une autre langue, ceux-ci cedent a la panique et ne veulent ni comprendre les gestes, les dessins ou le mandarin imparfaitement prononce (2), preferant dans leur peur irrationnelle chasser l'intrus hors de leur monde.

Une des quelques vallees enserrees dans le plastique que nous croisons.
Sur les paysage vallonne s'accrochent les rizieres en terrasses
La ville de Panzhihua, sillonnee de poids lourds, accuse des niveaux de pollution surprenants.

Heureusement passée la ville de Chengdu, nous croisons des gens plus malins (3) et les contacts s’améliorent notablement a mesure que nous progressons vers le sud. Nous referons peu a peu l’expérience d'une hospitalité chaleureuse, disparue depuis le Kirghizstan: lors de notre parcours en altitude, on nous proposera systématiquement de planter la tente a l'abri,  on nous apportera des thermos d'eau chaude au dîner et le matin. Dans une petite ville de montagne, nous serons meme invites a dormir dans la salle d'attente d'une maternité et a partager le dîner et le petit déjeuner du personnel. Une autre fois, nous posons la tente sur une terrasse en béton qui se révèle être la place du village ou le soir une quinzaine de femmes viendront danser la zumba sur un remix techno chinois d'Edith Piaf. Instant memorable.  Au meme moment, un petit vieux, inquiet pour notre sante, nous apportera un kilo de riz. Cette bienveillance retrouvee nous redonne des forces et nous garde des generalites trop faciles sur ce grand pays.

Un temple taoiste dans les montagnes de Chengdu. La brume cree une ambiance dramatique. 
Bivouac dans la maternite. Nous passerons la soiree devant une serie larmoyante que les infirmieres de garde passent sur un grand ecran.
Bivouac a 300 m d'un parc eolien. Nous passerons une nuit difficile... a cause des aboiements du chien du voisin.

Nous sommes un soir  invites a finir les restes du mariage: l'occasion de gouter les pattes de poulet. Mange Marlene, il ne faut pas les vexer!
Boulangerie a Chengdu proposant toutes sortes de petits pains a la vapeur. Nature, fourres a la viande, au sucre... Encore des recettes a essayer au retour!
Porc au petits pois bien pimente et salade de racine de bambous encore plus pimentee!

Les avaries mécaniques
Deux cent kilomètres avant Panzhihua, nous découvrons une fissure sur le moyeu arrière. Allégeant au maximum la roue affaiblie (le gros doit passer devant, Marlene reste tout le temps a l’arrière), nous rejoignons cette ville en serrant les fesses. Panzhihua est une hideuse cite minière aux abords sillonnes de camions fumants qui soulèvent en vrombissant une épaisse poussière noire et klaxonnent a tout va. Le seul réparateur de vélo n'a pas de pièce de rechange mais nous découvrons en outre en démontant la roue une large fissure dans paroi interne de la jante qui n'augure rien de bon. Il nous faut malgré tout repartir. Nous parviendrons dans un suprême effort a rejoindre 270km plus loin Lidjiang (Yunan) ou la paroi externe de la jante se fissurera a son tour a quelques kilomètres du réparateur...


Pourquoi utiliser un porte bebe si celui-ci s'accroche assez fermement?
Partie d'echecs chinois a la pause du chantier. La fureur des jeux habite les habitants du Sichuan.
Un dentiste de rue proposant ses services au marche. 
Le reparateur de cycles chassera t-il les barbares faisant irruption dans sa boutique  d'un "meyo, meyo" ? Arriverons nous a trouver les pieces necessaires au remplacement de la roue arrière pour poursuivre notre voyage? Vous le saurez amis lecteurs, lors de notre prochaine connexion a internet.


(0) Les cafés internet ne semblent plus interdits aux étrangers (le climat se detend par rapport au Xinjiang) mais, ce qui revient au même, ils refusent l’accès sans une piece d'identite chinoise a puce que nous sommes bien incapables de fournir.  Le niveau de filtrage des sites internet ferait passer l'Iran pour un pays libre, a la censure s'ajoute que les moteurs de recherche locaux fonctionnent très mal et renvoient en général sur des sites chinois (on peut aussi utiliser bing...) et internet est particulièrement lent, ce qui a l'avantage de nous réapprendre a vivre sans ce moyen de communication.
(1) Un parallèle peut être établi avec les expériences de plusieurs amis étrangers en visite a Paris se plaignant de l’indélicatesse de la population refusant hargneusement de comprendre l'anglais.
(2) Il arrive même que nous nous fassions comprendre par l’intermédiaire d'enfants qui, moins complexés, traduisent nos gestes a des adultes...
(3) Pour les chinois de langue maternelle autre que le mandarin, le fait de connaître deux langues avantage certainement la capacite de communication. Nos pires expériences seraient-elles avec des mandarins monoglottes?


Marlene, a la pompe, explique au employes perplexes que nous voulons 33 cL d'essence pour notre rechaud.
Panneau a l'entree d'un temple: l'absence de bruit de moteur indisposerait elle le repos des moines?

7 commentaires:

  1. Aaaah, que de suspense, ça devient un vrai feuilleton addictif ce blog ! Vous allez rendre "Plus belle la vie" has-been avec vos histoires.

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  2. Aaaaaaah c'est insoutenable! C'est quand même pas de chance cette casse, mais on dirait que vous ne changerez pas de roue pour rien. En attendant, c'est ce qui arrive quand on voyage chargés comme des mules. Vous auriez pu au moins essayer de rationaliser votre paquetage avant de partir!!
    On vous souhaite en tout cas de plus en plus de rencontres dans le sud,
    Bises
    Loïc et Anneso

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    1. Vous ne croyez pas si bien dire, au vu des derniers evenements... Un vieux cyclo croise hier nous a dit que la casse commencait toujours a partir de 10 000 km. il va falloir encore nous alleger, et cela devient bien sur de plus en plus difficile :-)

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  3. Que d'aventures! Mes félicitations aussi pour d'écriture de chaque entrée, qui invite à chaque fois au voyage et nous donne l'impression d'être à côté de vous. J'espère que vous résoudrez vos problèmes de jante rapidement!

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  4. Bon courage, j'espère que vos avaries vont s'arrêter et que votre voyage se fera plus zen, merci pour ces petites bribes d'aventures que vous nous faites vivre
    Bisous à vous 2

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  5. Inquiétant, ce seau servant de "crachoir" au pied du dentiste du marché...

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  6. Courage Marlène pour les pattes de poulet, je suis de tout cœur avec toi, pour ne pas les goûter...............

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