dimanche 7 septembre 2014

Teheran ou la poursuite des visas perdus

Chers lecteurs,
apres une longue absence due aux difficultes techniques d' acces a notre blog en Iran, nous voici en Ouzbekistan (1) et les articles hebdomadaires reprennent! Quelques caracteres cyrilliques se cachent peut etre dans le texte, resultat d accents non reconnus... Desole pour ce gros texte indigeste, les photos ne passent pas depuis ce cafe internet, elles suivront a la prochaine connexion!

L'essentiel de notre sejour -et de notre visa iranien- s'est deroule a Teheran, consistant en une course frenetique aux visas rappelant un des douze travaux d'Asterix en prise avec l'administration et dont le cote burlesque vaut le recit:

Arrives samedi 9 aout a Teheran, 17 millions d'habitants et capitale de l'Iran, nous nous precipitons des le lendemain a l'ambassade ouzbeque, presentant avec raison une procedure longue. Leves a 6:30 du matin sans etre remis de nos 48h de train, nous voyons passer 3 rames de metro bondees avant de pouvoir nous entasser dans la quatrieme. Au terminus, une moto taxi nous emmene et nous demontre helas de maniere irrefutable la cause du taux record de mortalite routiere. Nous lachant hebetes, il en profite pour nous arnaquer royalement sur le prix de la course. Il faut dire que les premiers jours en Iran sont passablement deroutants: passons sur la langue (le farsi, issu du perse est tres different du turc ou de l'arabe, il est egalement parle en Afghanistan) et l'ecriture (arabe):
  • les chiffres sont aussi differents de nos chiffres "arabes"
  • la date est un melange des annees islamiques (qui commencent en 621, nous sommes donc en 1393) et du calendrier zoroastrien qui commence a  l'equinoxe (allez donc calculer le temps qui vous reste quand votre visa indique en chiffres farsis une entree sur le territoire le 17 eme jour du 5 eme mois de l'annee 1393)
  •  les regles de circulation demandent quelques jours d'acclimatation: ici seule la survie du vehicule est la regle (et encore...), le nombre de voies etant flexible et fonction du contexte, les distances de securite reduites a neant (ca touche souvent).
  • enfin l'argent est aussi une source intarissable de rigolade: l'inflation galopante amene aujourd'hui un dollard a valoir 30 000 riads. Pour simplifier (?) les iraniens parlent en tomans qui valent 10 fois plus, et oublient generalement les trois zeros restants. Un prix annonce a  "se (3) tomans" signifie donc 30 000 riads. Perdus dans ces billets alignant 3,4 ou 5 zeros sans separation, nous laissons parfois les iraniens exasperes plonger leur main dans notre portefeuille pour y pecher la somme requise!

Bref il vaut mieux avoir bien dormi lorsqu'on arrive en Iran! Revenons a notre ambassade: apres deux heures de queue, notre dossier est refuse car il manque une lettre de recommandation de l'ambassade de France...fermee le dimanche.
  • Lundi 10/08 Une heure de metro nous permet de rejoindre l'ambassade de France qui accepte de nous fournir une lettre pour le lendemain.
  • mardi 11/08 Leves a 7h, nous recuperons notre lettre a 9h, demandins une nouvelle lettre pour le visa chinois que nous decidons de faire egalement ici, puis foncons (1h30 metro + taxi) a l'ambassade ouzbeque pour deposer notre dossier accepte in extremis avant la fermeture.
  • mercredi 18/08 Apres 8 jours de traitement du dossier, 1h30 de metro+bus (nous avons compris comment marchent les bus, 20 fois moins chers que les taxis, mais peu frequents)  l'ambassade nous fait encore patienter 1h, le temps d'imprimer nos visas....ils semblent n'avoir rie  fait pendant ce delai de 8 jours sans doute arbiyraire:  un hollandais muni d"une lettre d' invitation aura son visa en 24h.
Munis du visa ouzbeque, nous filons a l'ambassade turkmene situee a proximite en compagnie de Romain, un cyclovoyageur de Chambery rejoignant le japon (3km => 45 minutes en voiture). Si l'ambassade ouzbeque presente un semblant d'organisation (la queue est materialisee par une liste a laquelle chacun ajoute son nom en arrivant, on passe a tour de role un portail electrique qui conduit a un guichet), celle du Turkmenistan nous donne un avant gout amer du chaos de cette autocratie post sovietique: un mur de beton flanque de trois marches qui permettent de s'elever jusqu'a  une minuscule fenetre separe les deux univers: d'un cote c'est la cohue, les deux heures d'ouverture n'offrant de chance de reussite qu'aux plus decides. La bataille pour le controle des trois marches est impitoyable. Les professionnels des agences, recrutes d'abord pour leur masse corporelle, attaquent en bandes, verrouillant a trois l'acces aux marches tandis que leurs collegues font passer de derriere des liasses de 20 dossiers a la fois. A l'interieur, dans un calme administratif, un fonctionnaire irrascible remplit avec application d'interminables formulaires a la main, s'interrompant parfois pour taper sur une calculatrice de mysterieuses operations (pour un visa?). Parfois il s'approche de la fenetre pour un nouveau dossier, parfois le volet de bois s'abat comme un couperet signalant la fin des audiences.
Trois jours seront necessaires pour faire accepter notre dossier:
  • la premiere fois (18/08), le volet se ferme car il nous manque une partie des documents: nous preparons notre dossier ainsi que celui du visa chiniois jusqu'a  minuit.
  • jeudi 19/08 Nous tentons le coup double: deposer les dossiers pour le Turkmenistan et la Chine. Leves a 6:30, nous nous separons pour gagner du temps: tandis que Marlene file a l'ambassade francaise recuperer la lettre de recommandation, Olivier ("je" dans la suite) rejoint celle du Turkmenistan pour tenter de faire passer le dossier. Mais le chauffeur de bus oublie de me prevenir, je dois donc prendre.un bus dans le sens contraire et arrive apres deux heures de.trajet...La cohue est en place, mais bien decide, je parviens a faire passer le dossier au bout d'une heure, alors que Marlene est arrivee: la photocopie du visa ouzbeque (en noir et blanc) doit etre en couleurs. Nous courons chez le premier buraliste a 1km de la, et revenons essouffles et en nage. 2 minutes avant la fermeture, nos dossiers atteignent la fenetre: la photocopie du passeport de Marlene est refusee, une lettre du deuxieme prenom etant cachee par une meche de cheveux de la photo en filigrane. Nous protestons que ce n'est pas la qualite de la photocopie qui est en cause mais bien le passeport biometrique, justement fait pour empecher les copies. Le secretaire nous repond avec mauvaise humeur que nous n'avons qu'a faire un nouveau passeport avant de fermer son volet.Une heure plus tard notre dossier est refuse a l'ambassade de Chine ou nous avons couru avant la fermeture: le formulaire doit etre rempli a l'ordinateur...Et nous rentrons a 14h chez nous depites et maudissant le Turkmenistan et sa bureaucratie presbyte et xenophobe.
  • Dimanche 24/08 Apres les deux jours de fermeture hebdomadaire (ici vendredi et samedi) nous repartons a l'attaque,.munis de plusieurs photocopies couleur plus ou moins sombres du passeport de Marlene. Aujourd'hui, la cohue est dense et la tension plus forte. Nous bataillons deux heures avant d'atteindre la fenetre. Nous observons avec anxiete le fonctionnaire plisser les yeux en  eloignant puis rapprochant la copie. Il nous signifie alors que nous pourrons recuperer notte visa a Mashad dans 7 jours "inchallah". Sentant la fin de l'entretien, un gros agent bouscule Olivier pour prendre sa place et le projette en bas des marches. Le ton monte, son collegue (un colosse) s'interpose et nous nous disputons chacun dans sa langue pendant qu'un troisieme profite de la breche pour faire passer son dossier... Nous nous souviendrons de cette ambassade! (2)
  • Lundi premier septembre - Consulat du Turkmenistan de Mashad (Est de l'Iran): Il faut de nouveau remplir le meme formulaire qu'a teheran, donner une nouvelle photo (mais que font ils de toutes ces photos?!). 
Quatre heures plus tard et apres 13 jours de bataille et 110 dollards, nous recuperons enfin le visa de transit nous autorisant a sejourner... 5 jours au Turkmenistan!


(1) Initialement ecrit a la sortie de l'Iran, le texte devait partir du Turkmenistan, mais dans ce dernier pays plus que controle, internet est carrement inaccessible au commun des mortels...
(2) Par comparaison, l'Ambassade de Chine: passe un portique,  on penetre dans une salle d'attente climatisee avec 3 guichets. Apres 5 minutes d'attente, une hotesse affable enregistre sur son ordinateur notre dossier. Le tout est regle en 10 minutes et nous reviendrons cherche notre visa 4 jours plus tard: l'hotesse nous aura obtenu 3 mois de visa alors que n'en avions demande qu'un...

4 commentaires:

  1. note pour plus tard:
    au sujet des visa turkmen depuis l'iran, préférer les agences locales dont les employés sont costauds!!
    Hugo

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  2. Merci pour ces nouvelles après ce "long" silence. Bonne continuation à vous deux poru la suite du périple :)

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  3. Eh ben! Quelle aventure! (et merci pour les infos, je n'irais donc pas en vacances au Turkménistan...)
    Je suis contente de pouvoir suivre votre périple et je vous souhaite un très bon voyage!
    Caro (Ton ancienne collègue de bureau munichoise)

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    1. Salut Caro,
      quelle excellente surprise, depuis le temps! J'espere que tout se passe bien a Paris! Des bises a toute l'equipe!

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